« Consciencious objector », le terme est apparu pour la première fois au début du siècle et désignait Gandhi et ses partisans. L’expression qualifiait à l’origine ceux qui, » au nom de certaines valeurs, transgressaient collectivement une loi afin d’atteindre un objectif défini ». Sa signification se restreignit rapidement pour ne plus concerner que les individus refusant de prendre part à la guerre. En France, les objecteurs de conscience apparaissent à la suite de la guerre 14-18. Dès 1924, le premier collectif pour l’objection de conscience se met en place. Mais jusqu’en 1963, aucune mesure concernant l’objection n’est prise. C’est à cette époque, durant la guerre d’Algérie que les objecteurs entrent sur la scène publique française. Quelques jeunes refusent de partir en Algérie les armes à la main et vont dans les bidonvilles de la région parisienne apporter leur appui aux algériens. Ces jeunes passent rapidement des bidonvilles à la prison. Ils ne la quitteront qu’en décembre 1963. D’autres militants pour la non-violence manifestent pour obtenir un statut de l’objection de conscience soit mis en place. Louis LECOIN, un vieil anarchiste qui, à 74 ans, fait une grève de la faim de 22 jours en est le meilleur exemple. L’ensemble de ces actions permet finalement la création d’un statut de l’objection de conscience en 1963. Ce statut reste à l’époque très précaire et limité comme l’illustre une phrase de De Gaulle : « un statut de l’objection de conscience d’accord, mais le moins possible d’objecteurs ». La diffusion d’informations concernant l’objection de conscience était interdite, le statut n’était pas accordé dans tous les cas et les affectations se faisaient selon le bon vouloir de l’administration. Vingt ans après, en 1983 une nouvelle loi permet l’obtention quasi automatique du statut et autorise la diffusion d’informations concernant l’objection de conscience. Depuis cette date, le nombre d’objecteurs en poste n’a cessé d’augmenter et atteint aujourd’hui environ 13 000 pour 4 000 organismes d’accueil.
En 1991, le service en objection passe de 2 ans à 20 mois. Au fur et à mesure, cette durée régresse grâce à 3 mois de congés sans solde qui, pris en fin de service permet de n’avoir plus que 7 mois supplémentaires par rapport à un service militaire.
1997 sonne un tournant de l’objection de conscience. Faute de ne pouvoir limiter le nombre des statuts d’objection de conscience, l’Etat, qui a besoin de toujours plus d’argent, décide de sabrer le nombre d’organismes d’accueil. Effectivement, les organismes se voient à ce moment là devoir prendre en charge 75 % de la solde de l’objecteur (soit 1700 francs par mois). Le nombre de proposition de poste chute et de nombreux objecteurs se voient en recherche de poste, sans revenu ni protection sociale. Certains sont obligés de renoncer à leur statut.
Quelques progrès infimes viennent rassurer les objecteurs pendant leurs recherches. L’Etat décide de prendre en charge la sécurité sociale des objecteurs en recherche, puis plus tard, une circulaire de Martine Aubry affirmera que le temps de recherche est pris en compte dans la durée du service.
1997 voit aussi la professionnalisation de l’armée se mettre en place. Le jeunes gens ayant la chance d’être né en 79 n’auront plus à répondre à des ordres stupides et à une discipline abrutissante des casernes.
L’on voit apparaitre le rendez-vous citoyen qui laissera la place à l’Appel à la Préparation de la Défense et l’Armée devient une entreprise qui embauche.
MEFIONS NOUS. L’Armée abandonne le service militaire obligatoire pour s’infiltrer d’autant plus dans nos écoles. La défense devient leçon et l’on peut s’imaginer qu’ils parleront plus d’une défense militaire que civile.
Pour l’instant des objecteurs de conscience recherche des postes afin de rendre le plus intéressant possible ces 17 mois obligatoires. Le Service de l’Objection de Conscience n’est pas terminé et le statut d’objecteur de conscience ne doit jamais être supprimé, nous devons nous « battre » pour cela.
Bon nombre de personnes ne connaissent pas l’objection de conscience. Nul ne serait leur en tenir rigueur dû à l’acharnement publicitaire mis en place par l’Etat.
L’objection de conscience en temps que service nationale a été mis en place sous la présidence du général de Gaulle. Non pas qu’il désirait à ce point des objecteurs de conscience, bien au contraire, mais qu’il devenait très difficile de le refuser. Merci Louis LECOIN. Reconnaissance d’un refus du port d’arme par les jeunes incorporés, certes, mais interdiction d’en faire la moindre publicité. C’était en 1963.
Source : MOC Rennes