Supprimer les armées, c’est possible !

Article extrait du Monde libertaire n° 1800 de novembre 2018

La guerre étant interdite (Charte de l’ONU, article 2) nombre de pays pourraient suivre cet exemple !
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. » Anatole France. Ainsi, 26 pays dans le monde n’ont pas d’armée. Certes, 20 de ces pays sont des îles ou des archipels et ne représentent qu’un nombre limité d’habitant(e)s.

La plupart des ces pays n’excèdent pas les 500 000 habitant(e)s, sauf le Costa Rica et Panama qui en ont respectivement 5 millions et 4 millions. Mais ils font la démonstration qu’il est possible d’exister en tant que pays sans armée. Et surtout, qu’il est possible de vivre en bonne intelligence avec les autres pays sans se faire la guerre et que les conflits peuvent être résolus d’une façon non-militaire, par la discussion, la négociation, sans être obligés de s’entre-tuer.
Ces pays vivent en bonne intelligence avec les autres. Seuls 7 pays, à des degrés divers, ont des « protecteurs » :
– L’Islande, dont la défense est assurée par un traité avec les États-Unis et qui est également membre de l’OTAN.
– Depuis 1962, c’est la Nouvelle-Zélande qui est responsable de la défense des îles Samoa.
– En Andorre, la défense du pays en cas de menace ou de violation de son territoire est assurée par une convention tripartite signée en 1993 avec la France et l’Espagne. Le président de la République française est l’un des deux co-princes d’Andorre.
– La défense de Palaos est assurée par les États-Unis, par un traité de libre-association en vigueur pour une période de 50 ans à partir de 1994.
– Les États-Unis assurent également la défense de la Micronésie et des îles Marshall.
– Les îles Cook ont signé un accord de libre-association avec la Nouvelle-Zélande, qui fait que leur défense et leur représentation diplomatique à l’étranger sont assurés par ce pays.
Tous les autres gèrent eux-mêmes la sécurité et les relations internationales. Certains de ces « petits pays », sont des puissances capitalistes et n’ont rien à envier aux grands pays capitalistes. Ce sont des paradis fiscaux et ils accueillent à bras ouverts tous les nantis qui veulent échapper à l’impôt sur la fortune. C’est pourquoi, je ne m’attarderai pas sur des pays comme Monaco, ou le Liechtenstein, le Panama et… le Vatican qui est un paradis sur terre ! Ces pays n’ont pas d’arméemais leurs armes de prédilection sont les capitaux… qui laissent exsangues les populations !

 

 Pas d’armée, permet d’investir dans l’Éducation et la Santé des citoyens
Il y a 70 ans, le 1er déce

mbre 1948, le Costa Rica abolissait son armée ! Ce petit pays de 5 millions d’habitants venait de prendre une décision exceptionnellement rare qui lui a permis d’investir dans l’éducation et la santé. Cette décision historique est intervenue après deux mois d’une guerre civile entre factions politiques pour l’accession au pouvoir, qui fit plusieurs milliers de morts, dont le social-démocrate José Figueres Ferrer sortit vainqueur. Il était appelé plus communément « Don Pepe ». C’est dans ce contexte qu’il prit la tête d’un gouvernement provisoire. Après avoir annoncé la nationalisation des banques, il décréta l’abolition de l’armée.

L’abolition de l’armée une nécessité politique
« Supprimer l’institution militaire répondait à une nécessité politique. L’armée était divisée, l’éliminer permettait d’éviter tout risque de renversement du pouvoir », explique Daniel Matul, professeur de sciences politiques à l’université du Costa Rica. Cela dit, ce n’était pas la raison principale, abolir l’armée était avant tout une décision hautement sociale et politique. En à peine dix ans, l’espérance de vie a décollé, le taux de mortalité due aux maladies bénignes a chuté considérablement et l’éducation a fait un bon incroyable. Il y a eu une vraie cohérence à dire : nous allons arrêter d’acheter des armes pour payer plus de professeurs et de médecins. Selon la Fondation Arias pour la paix et le progrès humain, la suppression de l’armée permet chaque année de financer l’ensemble des universités publiques du pays et trois hôpitaux. Aujourd’hui le pays connaît un taux d’alphabétisation proche de 96,7 %.

Une source de paix et de tranquillité

Pour son président Luis Guillermo Solis, (2014-2018) « Ne pas avoir d’armée est une source de paix et de tranquillité. » Contrairement à l’Europe, ajoute-t-il « l’armée est associée au terrorisme d’État à la destruction de la démocratie et à la perversion des institutions.» Un autre président Costaricain, Miguel Angel Rodriguez, (1998-2002), déclarait en 2001 : « Comme président d’un pays sans armée, la recommandation que je fais à tous les pays d’Amérique est que nous éliminions les armées. A quoi bon les réduire, éliminons-les ! » Je me permets de rajouter à cette déclaration, éliminons les armées partout dans le monde, car elles sont les piliers et les soutiens du capitalisme. Le président va-t’en guerre, Macron, serait bien inspiré de faire siennes ces déclarations. Je n’ose imaginer ce que l’on pourrait faire avec le budget que l’État consacre à l’armée (34,2 milliards d’euros en 2018 !), si cette argent était consacré au bien-être de la population, à l’École, à l’Université, à la Santé, aux services publics, à la Culture… D’autant que notre chef des armées et de guerre prévoit de consacrer 295 millions d’euros à « la Défense », entre 2019 et 2025, soit près de 50 milliards d’euros par an ! Quel gâchis ! Alors qu’il est possible de faire autrement, mais là, ce sont des choix politique, des choix de classe.
Le Costa-Rica est la preuve qu’un pays peut parfaitement se passer d’une armée, et s’en porter très bien. En 1985, lors d’un sondage sur le retour à l’armée, 9 Costaricains sur 10 avaient répondu « NON ». Voici ce que disait Albert Einstein à propos de la guerre : « Il apparaît malheureusement que certains États mettent sur pied et entretiennent jalousement des armées dans lesquelles ils engloutissent leur argent et leurs jeunes gens. Tant que de telles armées existeront, les colonels qui les dirigent voudront les utiliser et les politiciens qui les ont mises sur pieds voudront justifier leur existence. Ce n’est qu’au prix de l’affranchissement de cette militarisation que l’homme cessera de faire la guerre. »

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