Article extrait du « Monde libertaire » n° 1791 de janvier 2018
Je croyais tout savoir (ou presque) de la guerre de 14-18. Ce livre (1) m’a mis sur le cul et au pied du mur de mon ignorance. En 2016, à Aix-en-Provence, la Libre Pensée organisait un colloque sur « Les colonies et leurs mobilisés dans la Grande Guerre ». Toujours en 2016, la même Libre Pensée organisait un colloque sur « La guerre contre les nations, la guerre entre les nations ». Ce livre reprend les actes de ces deux colloques. Une bonne cinquantaine. Eh oui, pendant la grande boucherie, il n’y a pas eu que les paysans et ouvriers français et allemands qui y ont laissé leur peau en masse. Les colonies de la France ont également payé l’impôt du sang. Et pas qu’à moitié ! Putain ! Et il y en a qui osent encore dire que la colonisation était un projet d’émancipation et de progrès ! Quelques textes ont particulièrement retenus mon attention. Celui de Mireille Le Van Ho « L’emploi des Vietnamiens dans l’industrie de l’armement de 1915 à 1919 ». Celui de Gilbert Meynier « Les Algériens et la guerre de 14-18 ». Celui de Christian Eychen « Pour aller plus loin ». Celui de Nicole Aurigny « Le racisme dans la guerre, les troupes et les sociétés ».
Lors du colloque de Toulouse, le débat s’élève encore d’un cran. Dans « Qu’est-ce qu’une nation ? », David Gozlan, féru de Hégel, Marx, Michelet, Renan, Jaurés… nous offre une définition de la nation qui remet à l’heure toutes les pendules patriotiques, indépendantistes, nationalistes, « identitaristes »… Hansi Brémond, dans « La première guerre mondiale et l’émancipation des femmes », a le scalpel chirurgical. David Gozlan, dans « À bas la guerre ! Vive le soviet de La Courtine ! », nous rappelle cet « épisode » révélé au grand public par notre ami Jacques Tardi dans une de ses dernières BD ; « épisode » tu par presque tous les historiens (têtes de chiens) de l’histoire « officielle » (celle des vainqueurs).
Bref, ce livre est d’enfer. C’est un vrai livre d’histoire. De la vraie histoire. Celle de tous ces pauvres gens qui ont été envoyés à l’abattoir de toutes les guerres. Pour le seul profit des maîtres du monde, capitalistes et autres. Une conclusion s’imposait hier comme aujourd’hui : « Pas un homme, pas un sous, pas une heure de travail pour la guerre ! » Une dernière chose. J’oubliais ce texte magnifique de Boris Vian « À tous les enfants ! ». Et l’engagement de la Libre Pensée pour la réhabilitation de « tous » les fusillés pour l’exemple. Un combat qui se doit d’être celui de tous les pacifistes, libertaires, libres penseurs et autres gens de cœur et de bon sens. Et, comme on disait en 14, « On les aura ! ».