DEUX ATTITUDES
Au moment où fut déchaînée la grande mêlée des peuples, chaque Etat mobilisa ses intellectuels, ses savants, ses journalistes et ses pédagogues, pour prêcher le mensonge et la haine, l’obéissance et le sacrifice. L’attitude de ces gens-là ne pouvait nous surprendre. Nous savions qu’ils étaient les adorateurs intéressés du veau d’or, les histrions et les larbins de la bourgeoisie, les instruments serviles de l’Etat.
De même, nous nous attendions à voir les tribuns socialistes leur emboîter le pas, car leurs déclara tions patriotiques, celles de Jaurès comme celles de Bebel, nous avaient appris que le réel principe directeur de leur semblant d’internationale pouvait se formuler ainsi : « Travailleurs de tous les pays, égorgez-vous, quand vos maîtres vous l’ordonnent ! »
Mais nous n’aurions jamais pensé que des adversaires irréductibles de la propriété, des ennemis irrévocables de l’Etat, des contempteurs farouches de l’autorité, se mettraient eux aussi à hurler avec les loups et nous inviteraient à collaborer volontairement et sans arrière-pensée à la « Défense nationale»
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